Les outils numériques au service des interactions en classe en temps de pandémie ? Regard croisé sur la classe en présentiel et la classe virtuelle dans le 1er degré
Laure Sochala  1@  
1 : Université d'Artois
CIREL - Centre Interuniversitaire de Recherche en Education de Lille

Impulsées par la fermeture des écoles françaises en mars 2020, les classes virtuelles (ici entendues comme l'usage de visioconférences dans un cadre scolaire) se sont développées (Chiardola, 2020) pour permettre aux enseignants de maintenir de la présence à distance (Jacquinot, 1993 ). Afin de garder et d'entretenir le lien, les enseignants du primaire ont tenté par le biais de ce dispositif en distanciel de lutter contre le décrochage de leurs élèves et des effets d'hystérèse de l'enseignement qui pourrait en découler (Synlab, 2020). Ce nouvel environnement synchrone (Peraya et Dumont, 2003) apparaît alors comme une possibilité de remobiliser les élèves désengagés grâce à un enseignement et une relation davantage individualisés avec leur enseignant. D'autant que les interactions sociales et pédagogiques qui se jouaient déjà à l'école, qu'elles soient entre l'enseignant et ses élèves ou entre les élèves, tiennent une place fondamentale au sein de la classe (Goffman, 1988 ; Sirota, 1988).

Cela nous pousse à vouloir comprendre comment les interactions se réalisent et varient en classe virtuelle selon les stratégies (Bressoux et Dessus, 2002), conscientes ou non, mises en place par les professeurs des écoles en comparaison avec ce qui peut être observé en temps « ordinaire » dans les classes.

Pour y répondre notre étude s'appuie principalement sur un corpus de classes virtuelles réalisées dans 3 classes de cycle 3. Ces sessions, qui se sont déroulées lors des deux phases de fermetures des écoles au printemps 2020 et en avril 2021, ont été l'occasion d'alimenter un dispositif plus large, le GTnum Pléiades déployé sur trois académies, afin de permettre des comparaisons d'enregistrements vidéo et d'entretiens réalisés avec les enseignants.

Le croisement de ces données avec des observations réalisées dans plusieurs écoles des Hauts de France alimente ainsi notre analyse centrée sur des procédures caractéristiques des interactions en classe, qu'elles soient verbales, non-verbales voire absentes, telles que la gestion des tours de parole, les passations de consignes ou encore les usages de nouvelles fonctionnalités en classe virtuelle avec le clavardage et les webcams.

Nous partons de l'hypothèse que l'enseignant souhaite favoriser par la classe virtuelle des interactions sociales et pédagogiques similaires à ce qui peut être observable en présentiel. Or, les premiers constats tendent à montrer que ces interactions se centralisent dans la plupart des cas autour de l'enseignant, et ce, davantage qu'en classe « d'ordinaire », appauvrissant ainsi les interactions entre élèves. Le collectif classe s'affaiblit alors au profit d'interactions plus individualisées où la parole est souvent donnée et/ou prise par les mêmes élèves, sans forcément que ce soit les mêmes en classe « habituellement ». Notre communication tentera alors d'identifier les différents facteurs influençant ces variations d'interactions au regard de ce qui est observable à l'école.



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